YESTERDAY'S NEWS |48
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J’ignore pourquoi j’ai pris cette mauvaise habitude de venir ici tous les dimanche, ou presque. C’est un rituel qui ne m’aide franchement pas à passer les étapes du deuil, mais je ne suis pas non plus certaine d’avoir envie de les passer, ces étapes. De par mon métier, je ne compte plus les personnes que j’ai pu aider à se soulager du poids de la perte d’un être cher, mais ne dit-on pas que les cordonniers sont les plus mal chaussés ? Faire une auto thérapie n’est pas chose aisée, et pour le moment, je n’ai aucune envie d’aller voir un de mes confrères pour trouver le moyen de me libérer du poids qui me ronge. Alors en attendant, je fais du mieux que je peux, et ce rituel me donne l’impression de ne jamais oublier cet homme que j’ai aimé, et cette petite fille, union de notre amour. Perdus tous les deux dans un tragique accident.
Mes pas se font lourds jusqu’à la pierre tombale sur laquelle sont inscrits les deux noms de mes deux amours. Mon coeur se serre, comme à chaque fois, mon souffle se fait légèrement plus court et ma mâchoire se referme. Mon regard lui est toujours aussi perdu quand j’arrive ici, le train de mes pensées divaguent d’un monde à l’autre. Je ne leur parle pas, pas à voix haute, parce que je sais que ça ne sert à rien, mes pensées suffisent. Mais aujourd’hui en arrivant devant la tombe de mon compagnon et de ma fille, je me rends compte que des petits malins se sont amusés à tout foutre en l’air. Pourquoi existe-t-il des gens assez malfaisants qui prennent plaisir à détruire ce qui ne leur appartient pas. Des dessins ont été faits à la bombe de peinture sur la pierre, et toutes les fleurs, les plaques, tout a été saccagé. Pourquoi ? Un regard sur le côté et je remarque que quelques autres tombes plus loin ont été aussi les victimes de ces petits malins. Je suis partagée entre rage et tristesse, et cette fois je ne peux retenir les larmes qui roulent le long de mes joues. Petits cons. Alors je m’agenouille pour commencer à ramasser, nettoyer, ranger, et je suis tellement concentrée que je n’entends même pas la personne qui s’approche derrière moi.
Mes pas se font lourds jusqu’à la pierre tombale sur laquelle sont inscrits les deux noms de mes deux amours. Mon coeur se serre, comme à chaque fois, mon souffle se fait légèrement plus court et ma mâchoire se referme. Mon regard lui est toujours aussi perdu quand j’arrive ici, le train de mes pensées divaguent d’un monde à l’autre. Je ne leur parle pas, pas à voix haute, parce que je sais que ça ne sert à rien, mes pensées suffisent. Mais aujourd’hui en arrivant devant la tombe de mon compagnon et de ma fille, je me rends compte que des petits malins se sont amusés à tout foutre en l’air. Pourquoi existe-t-il des gens assez malfaisants qui prennent plaisir à détruire ce qui ne leur appartient pas. Des dessins ont été faits à la bombe de peinture sur la pierre, et toutes les fleurs, les plaques, tout a été saccagé. Pourquoi ? Un regard sur le côté et je remarque que quelques autres tombes plus loin ont été aussi les victimes de ces petits malins. Je suis partagée entre rage et tristesse, et cette fois je ne peux retenir les larmes qui roulent le long de mes joues. Petits cons. Alors je m’agenouille pour commencer à ramasser, nettoyer, ranger, et je suis tellement concentrée que je n’entends même pas la personne qui s’approche derrière moi.
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Une rose blanche, juste une rose blanche. Une simple fleur. Ca fait un moment que je ne suis pas venue ici. Mais j'aime pas cet endroit. Je ne peux pas me dire que mon frère est enterré là. C'est pas possible. Mon frère n'est pas un engrais pour plantes à la con. Je n'ai plus de maison. Ma seule maison est là, sous terre. Enterrée avec lui. Je connais le chemin par coeur, faut dire que malgré tout, j'y suis venue un certain nombre de fois. La première fois en retrait, loin de mes parents, de ma soeur, lors de l'enterrement. Je ne pouvais pas me montrer, je ne voulais pas. Il est mort par ma faute John. C'est à cause de moi. Alors je suis revenue seule, par la suite, encore et encore. Personne ne sait que je viens ici et ceux qui me croisent ne savent pas qui je viens pleurer. Ma vie ne regarde personne. Elle a trop longtemps intéressé des gens qui moi ne m'intéressaient pas. Elle a trop longtemps fait la une des journaux de part la renommée de ma famille ou bien ma carrière de mannequin. Je ne suis plus cette fille là, je n'ai plus rien à voir avec cette gamine manipulée par une mère bien trop excessive. Je suis moi maintenant ou plutôt le reflet de moi même. Je ne suis plus personne. Juste Jean, la nana un peu paumée qu'on voit traîner en ville. Une douce apparition au regard destructeur.
Je soupire et me dirige vers la tombe de John. Elle est toujours fleurie, toujours des fleurs fraîches, de gros bouquets imposants surement mis là par un coursier de la famille. Ma fleur fait pâle figure à côté mais je m'en fiche. Au moins moi je viens la déposer. Au moins la mienne a une vraie signification. Je la dépose sous la pierre tombale, passe mes doigts sur le prénom et le nom gravés. Les larmes coulent mais aucun mot ne peut sortir. C'est le seul endroit où je me permets de pleurer alors pourquoi gâcher cela avec des mots. Il ne m'entend pas de toute façon. Je lui parle à l'intérieur de moi. C'est le principal. Pendant une demi heure je reste posée là, assise à regarder le vent balancer doucement les pétales des fleurs. Puis vient l'heure de partir. Il le faut bien. Je me redresse, retire les vestiges de mes larmes sur mes joues et me dirige vers la sortie. Ce que je pensais faire. Elle est là, grande, blonde, l'air triste aussi vu l'endroit. Accablée par les vestiges d'une dégradation. J'ai les nerfs, comment les gens peuvent faire ça. C'est ignoble. Je la reconnais la blonde, je l'ai déjà vu. C'est peut être ma chance. Je m'approche et me racle la gorge. " Vous allez bien ? " Je me penche également et commence à l'aider à nettoyer. Je n'en ai pas le droit mais bon, je ne m'arrête pas à ça.
Je soupire et me dirige vers la tombe de John. Elle est toujours fleurie, toujours des fleurs fraîches, de gros bouquets imposants surement mis là par un coursier de la famille. Ma fleur fait pâle figure à côté mais je m'en fiche. Au moins moi je viens la déposer. Au moins la mienne a une vraie signification. Je la dépose sous la pierre tombale, passe mes doigts sur le prénom et le nom gravés. Les larmes coulent mais aucun mot ne peut sortir. C'est le seul endroit où je me permets de pleurer alors pourquoi gâcher cela avec des mots. Il ne m'entend pas de toute façon. Je lui parle à l'intérieur de moi. C'est le principal. Pendant une demi heure je reste posée là, assise à regarder le vent balancer doucement les pétales des fleurs. Puis vient l'heure de partir. Il le faut bien. Je me redresse, retire les vestiges de mes larmes sur mes joues et me dirige vers la sortie. Ce que je pensais faire. Elle est là, grande, blonde, l'air triste aussi vu l'endroit. Accablée par les vestiges d'une dégradation. J'ai les nerfs, comment les gens peuvent faire ça. C'est ignoble. Je la reconnais la blonde, je l'ai déjà vu. C'est peut être ma chance. Je m'approche et me racle la gorge. " Vous allez bien ? " Je me penche également et commence à l'aider à nettoyer. Je n'en ai pas le droit mais bon, je ne m'arrête pas à ça.
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Je pleure sans me rendre compte que les larmes dévalent mes joues. Je laisse évacuer la tristesse de la perte d’un être cher, mais je ne suis pas la seule dans ce cas, ni ici, ni sur Terre. Les gens nous quittent, ainsi va la vie, mais la tristesse qui accompagne de moment est propre à chacun. Mon deuil a du mal à passer, et être psy n’arrange rien, même si c’est ce qu’on pourrait imaginer. Je peste intérieurement contre ces cons qui n’ont que ça à foutre de saccager la mémoire de ceux qui sont partis, et d’entacher le recueillement de ceux qui restent. Mes gestes sont saccadés, secs, ma mâchoire serrée et mes pensées concentrées. Si bien que lorsque la voix d’une jeune femme se fait entendre, je sursaute sans m’en rendre compte. « Vous allez bien ? » me demande-t-elle faisant accélérer mon palpitant. Je passe une main rapide sur mes yeux pour sécher un peu les larmes qui coulaient, et avale ma salive avec difficulté. « Ça va. C’est juste… » Une boule vient de se former dans ma gorge et je n’arrive pas à retenir la peine qui s’empare de moi, me faisant sangloter sans que je ne puisse le contrôler. « Ça va aller, ne vous dérangez pas… » Je ne sais pas si elle est là parce qu’elle veut m’aider, parce qu’elle a pitié, ou autre chose encore, je n’y réfléchis pas. Tout ce que je sais, c’est que la colère qui gronde en moi contre ces petits malfaisants, ne doit pas se répercuter, sur personne, surtout pas elle. Je relève la tête, les yeux vers le ciel comme pour tenter de ravaler mes larmes. « Je suis désolée, j’ai été impolie. » Je me lève en prenant appui de mes mains sur mes genoux et fais face à la jeune femme, détaillant l’air de rien son visage angélique, restant un peu plus longuement sur son regard d’acier. « Je voulais pas vous déranger, j’ai sans doute dû grogner un peu trop fort contre les abrutis qui ont fait ça… » J’esquisse un sourire un peu triste en reposant les yeux sur la tombe, et à nouveau sur la jeune femme.
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J'aime pas les cons. En même temps, qui aime ça ? On ne peut pas aimer les cons. Sauf peut être les cons eux mêmes. Mais si ils sont cons, alors on ne les aime pas non plus. Bref, c'est con. Et là ce qu'ils ont fait c'est plus que con. Détériorer une tombe. Plusieurs tombes mêmes. Comment peut on faire ça ? Même quand j'étais droguée, même sous l'emprise de l'alcool, même quand ça n'allait pas, je n'ai jamais voulu faire de mal à d'autres personnes. J'ai toujours voulu me faire du mal à moi même. Après tout quand on se drogue et qu'on se bousille la santé, c'est une forme de suicide non ? Donc c'est qu'on ne s'aime pas. Peut être que je ne m'aime pas. Enfin, je ne m'aimais pas. Ca va un peu mieux maintenant, enfin je crois. Je commence à me réconcilier avec moi même. Avec ce corps meurtri par les sévices de ma mère, puis par les miens. Avec ce mental que je pensais au plus bas mais que je commence à remonter doucement. La pente est dure, rude, longue, intense. Ouais tout ça. Mais je vais y arriver. Je le dois. Pour lui. Rien que pour lui. Et même si je n'aurai jamais de petite tape sur la tête, qu'il ne me dira pas qu'il est fier de moi, je le ferai quand même. Il s'est battu pour moi. Il est mort pour moi. Je ne peux pas laisser ça comme ça. Je ne peux pas l'oublier. C'est pas possible.
Je l'aide, elle a l'air si impuissante. Je la reconnais. Je l'ai déjà vu. Je m'y attarde sur ce visage, je le décrypte. Derrière les larmes, derrière la tristesse. Je la vois cette psy tiret flic. Ou flic tirer psy. Celle qui peut m'aider. Celle qui va m'aider sans le savoir. Mais avant ça, je dois l'aider. Faut pas qu'elle sache, faut pas qu'elle s'en doute. Mon geste parait innocent. Au fond il l'est du moins il l'était. Mais maintenant, ce n'est plus le cas. Elle peut me servir. Ca ne me dérange pas. Alors je ne dis rien et je continue mon ménage. Je fais attention de ne pas me couper avec le verre, manquerait plus que ça. J'aime pas le sang, j'aime plus ça. Elle s'excuse. Elle est marrante. Enfin je crois. " C'est pas grave, j'avais fini de mon côté. " Je continue le nettoyage, ça va vite à deux. C'est presque tout propre. Si on oublie que c'est trop propre maintenant. Manque tout l'amour qu'on a pu porter à ces personnes, les souvenirs et tout le reste. " Vous avez besoin d'être seule ? " Sur la tombe ou ailleurs. Elle a peut être pas finie, elle a peut être même pas commencé. Pourtant je reste là, j'attends sa réponse. Je ne vais pas attendre devant la tombe mais faut que je lui parle, qu'elle tombe dans mes filets et qu'elle m'aide malgré elle. C'est petit de faire ça ici, très petit. Mais j'ai appris que la vulnérabilité, c'est quand même vachement utile quand on veut arriver à ses fins. Et j'en ai trop fait les frais pour ma part.
Je l'aide, elle a l'air si impuissante. Je la reconnais. Je l'ai déjà vu. Je m'y attarde sur ce visage, je le décrypte. Derrière les larmes, derrière la tristesse. Je la vois cette psy tiret flic. Ou flic tirer psy. Celle qui peut m'aider. Celle qui va m'aider sans le savoir. Mais avant ça, je dois l'aider. Faut pas qu'elle sache, faut pas qu'elle s'en doute. Mon geste parait innocent. Au fond il l'est du moins il l'était. Mais maintenant, ce n'est plus le cas. Elle peut me servir. Ca ne me dérange pas. Alors je ne dis rien et je continue mon ménage. Je fais attention de ne pas me couper avec le verre, manquerait plus que ça. J'aime pas le sang, j'aime plus ça. Elle s'excuse. Elle est marrante. Enfin je crois. " C'est pas grave, j'avais fini de mon côté. " Je continue le nettoyage, ça va vite à deux. C'est presque tout propre. Si on oublie que c'est trop propre maintenant. Manque tout l'amour qu'on a pu porter à ces personnes, les souvenirs et tout le reste. " Vous avez besoin d'être seule ? " Sur la tombe ou ailleurs. Elle a peut être pas finie, elle a peut être même pas commencé. Pourtant je reste là, j'attends sa réponse. Je ne vais pas attendre devant la tombe mais faut que je lui parle, qu'elle tombe dans mes filets et qu'elle m'aide malgré elle. C'est petit de faire ça ici, très petit. Mais j'ai appris que la vulnérabilité, c'est quand même vachement utile quand on veut arriver à ses fins. Et j'en ai trop fait les frais pour ma part.
- InvitéInvité
Je me sens envahie par des émotions contraires et ce n’est clairement pas agréable. Mais coupée dans mon élan de colère, une jeune femme s’avance dans ma direction pour venir m’aider à nettoyer les conneries qu’on fait les petits cons sur la tombe des êtres aimés. Elle a l’air gentille cette gamine, son regard pourtant presque glacial. Elle venait ici pour se recueillir j’imagine, comme n’importe qui qui passe les portes de ce havre de recueillement. Je l’imagine triste, bien qu’elle semble être impassible. Son visage est aussi doux que ses yeux glaciaux. J’ignore pourquoi mais je ressens le besoin de m’excuser, elle n’était pas obligée de m’aider, c’est une réaction naturelle pour moi, l’aide impromptue de quelqu’un qu’on ne connaît pas n’est pas habituelle. Elle me répond d’une voix calme et posée, presque reposante, qu’elle n’avait visiblement plus rien à faire ici. Je reste alors silencieuse, terminant de ranger, nettoyer pour que tout ressemble finalement à quelque chose. Cette tombe hier si fleurie, aujourd’hui si pauvre. Ça me fait mal au coeur. Sa voix voix presque rassurante me tire de mes pensées lorsqu’elle me demande si j’ai besoin d’être seule. Je m’immobilise un instant, les yeux toujours rivés sur les inscriptions gravées dans le marbre. Finalement je tourne la tête vers la jeune femme et ne réponds pas à sa question réellement, mais la réponse est tout de même là. « Je m’appelle Willow. » Main tendue en direction de la jeune femme, elle vient la serrer pour se présenter à son tour. « Merci encore pour l’aide, n’importe qui ne l’aurait pas fait, c’est appréciable qu’il y ait encore des gens bien qui apportent leur aide à ceux qui sont dans le besoin. » Je lui offre un mince sourire avant de lui demander, avec une once d’hésitation. « Vous avez perdu quelqu’un… il y a longtemps ? » Déformation professionnelle j’imagine, toujours ce besoin de poser des questions, m’intéresser à l’autre, chercher à le connaître, le sonder peut-être aussi. Cette jeune femme est intrigante, je ne peux le nier, et son regard envoûtant. Elle me donne envie d’en savoir plus, de la découvrir…
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