- InvitéInvité
little tokyo, los angeles
Toutes ces cultures, tous ces trésors, toutes ces histoires ... Tu en raffoles.
Depuis l'accident, les choses ont changé.
J'ai changé.
Difficile à expliquer.
Je crois que ça se résume au sang, en vérité.
Le sang qui coulait à flots, le sang qui coulait à profusion,
Celui qui s'échappait de mon crâne et dans lequel je baignais,
Celui dont, petit à petit, je me vidais ...
Je crois que mon sang s'est permis de me dérober
Tous ces petits souvenirs que je chérissais,
Toutes ces bribes, tous ces morceaux de ma chère identité,
Il me les a pris, un par un, les as détruits, main dans la main
Jusqu'à ce que ne demeure plus qu'une coquille vide qu'il me restait à remplir de nouvelles informations.
Pourquoi payer lorsque le prix de ma vie m'a déjà endetté ?
J'ai des années de perdues, moi. Des années à rattraper.
Certes, elles sont revenues, petit à petit, mais ...
Cazzo.
C'est tellement fade, les souvenirs qui sont là. Ils ne me ressemblent plus, ils ne se ressemblent pas. C'est comme l'arrière-goût d'un mets entêtant dont on se souvient. Il nous évoque le souvenir de l'avoir mangé, l'émotion de l'avoir mangé ... Sans jamais réellement avoir de quoi rivaliser avec la saveur originelle. Ils en sont rendus à là, les souvenirs qui me reviennent. Le fait que je ne sache pas s'il s'agit réellement des miens n'a certainement rien arrangé.
Je revis les promesses, les paroles et les mensonges
Des visiteurs qui défilaient, sous mes yeux, à l'hôpital, quotidiennement.
Je revis tout ce passé qu'on m'a attribué et dont je me suis hâtivement défait
Car je n'étais plus l'Oscar qu'ils s'imaginaient.
Mon regard s'arrête alors sur un pinceau.
Je dessinerais bien des poussières et des cendres
incan
- InvitéInvité
Les pages se tournent et inlassablement les yeux de Rhan parcourent les lignes noires, son précieux surligneur jaune à la main, ses notes près d’elle, elle répète encore et encore le processus. Elle aurait pu continuer toute l’après-midi, quelques pauses éparses auraient constitué sa plus grosse distraction mais, alors qu’elle tourne une nouvelle page, son téléphone se manifeste. Surprise Rhan bouge trop brusquement et sa main percute son verre d’eau qui se renverse intégralement sur ses notes. « Merde », l’étudiante se précipite pour essuyer sa catastrophe mais trop tard, les lignes se brouillent, les mots se diluent et la jeune fille peut faire une croix sur deux heures de labeur. La brune soupire, proteste bruyamment dans le silence assourdissant de son appartement, marmonnant elle s’empare de son téléphone. - Sort de chez toi et voit des gens- . L’étudiante se prend à maudire les Moires, une semaine auparavant, pleine de bonne volonté elle s’impose une sortie par semaine sans aucun rapport avec les astres, s’étant quasiment totalement coupé du monde ces dernières années.
Un musée, elle s’en donnerait presque des baffes. Elle se sent pitoyable, déplacée dans une peau qui la gratte. Elle ne saurait pas s’intégrer dans un évènement social normal, minable.
Elle erre, elle contemple, virevolte dans les collections temporaires ou permanente, prête plus d’attentions aux œuvres qu’au monde qui l’entoure. Elle ignore les badauds, regarde à peine où elle pose les pieds.
Rhan passe devant un atelier, à cette heure peu de personnes se trouvent dans la salle. Pensive, la jeune fille s’empare d’un pinceau, et dans un geste maladroit envoie un zeste de peinture sur son voisin. « Oh »
Pitoyable enfant.
- InvitéInvité
Quand elle me heurte, je me retourne avec stupéfaction. Un moment de distraction avait suffi pour que j'abaisse mes gardes, et voilà le résultat : je suis tout tâché. Incroyable.
Terrifié à l'idée de devoir le jeter, je me retourne à la recherche d'un coupable ou d'un fautif. Une personne capable de commettre un tel délit, une personne capable d'attaquer mon pull, aussi impunément ...
Immédiatement, mille pensées se battent en duel dans mon cerveau. Nocives, elles m'encouragent à faire des choses, ou plutôt, dire des choses, que je finirais sans nul doute par regretter, tant elles ne me ressemble pas, ou plus ... C'est pourtant difficile de résister à l'appel des instincts : ne dis-ton pas que le naturel revient au galop lorsqu'il est pris en chasse ? On dit plein de choses, cela dit. N'oublions cependant pas la peinture. Ni cette bouche, plus rouge que les fraises du Japon. Un Japon qui revêt les murs d'ici de ses couleurs bariolées, toutes plus riches et flamboyantes les unes que les autres, toutes plus mémorables avec leurs histoires fascinantes.
- InvitéInvité
Il te faut lui répondre, t’excuser, puis passer à autre chose mais, tu ne sais pas, oh dieu non, tu ne sais pas le faire. Aussi rapide qu’un coup de tonnerre, l’idée de fuir te parait si attrayante, si plaisante que tu jetterais presque l’objet du crime sur ta pauvre victime pour t’enfuir. Le problème ? Cette drôle histoire de karma de négatif, cette loi de Murphy qui te poursuivrait à coup sûr ; tu imaginais déjà une banane, posée là par les affres du destin, te tendre un piège. Te voilà bien penaude et pataude face à l’autre, te sentant comme la collision d’un lapin prix au piège et hm, tiens, un chou-fleur par exemple.
« Je ne voulais pas. Promis. Mais vous étiez derrière et euh. » Tu réalises. « Ah, merci, vous m’évitez de me faire lapider par le personnel du musée. Vous pensez qu’ils utilisent encore des cailloux ? Enfin. Non, je ne voulais pas… Enfin. Rah. Pardon. » Tes bafouillements s’accélèrent. Tu as oublié de respirer, pleurer serait-il inconvenant ? « Vous vous en foutez, je sais. Pardon. » Tu prends une inspiration. « Pardon, j’ai euh… je suis pas douée pour m’excuser ; ou parler… » Gênée, tu joues avec tes cheveux, ne te rendant pas compte que tu t’offres une superbe coloration vermeille. « Je, euh, peux faire quelque chose pour votre pull ? » Bravo, Rhan, voilà tes premières paroles sensées. Ton regard croise deux pupilles azurées, pauvre petite chose si incompétente en relations sociales que tu es, tu ne sais pas qu’elles sont les pensées de l’homme. Acerbe avec toi-même tu te rends compte que même en sachant cela tu ne saurais pas réagir comme un être humain normal dans une situation lambda ; sortie des cours, labos et d’internet tu n’es qu’une ébauche mal entamée d’un être humain qui ne sait pas communiquer.
- InvitéInvité
Ce n'est pas évident de savoir quel système est le mieux.
Tout ce qui est clair, c'est qu'il y a des choses qui manquent, finalement.
Et pourtant, les phrases se suivent sans soucis.
Elle s'excuse avec profusion, sans retenue, sans avarice, sans se rendre compte que son acte est déjà tout pardonné. Je ne suis pas un garçon rancunier, en réalité. Je suis un peu agacé que mon pull soit bon à jeter, mais cela ne m'empêche pas de sourire de façon compatissante face à la gêne que la jeune femme affiche sur son visage. Cette gêne me sert encore aujourd'hui de bouclier. Comment en vouloir à quelqu'un qui me ressemble tant ? En plus voilà qu'elle s'excuse. La moindre des choses, ce serait de rire.
pas beaucoup,
juste un petit rire
de rien du tout
qui emporte,
qui fait vibrer,
qui fait frémir,
qui fait rêver.
Je tente l'humour, car c'est ma seule arme. Elle teste la sympathie. C'est vrai que ça marche aussi. Elle a l'air jeune, en vrai. Enfin ... Pas tant que cela non plus, mais je sais que les filles prennent facilement deux-trois années selon leur look et la peinture avec laquelle elles décident souvent d'empoisonner leurs visages. Encore que là ça va. Elle a l'air plutôt naturelle, la jeune femme. Bien dans ses baskets. Dans son élément.
En parlant de peinture, la voilà qui s'en barbouille un peu les cheveux, sans s'en rendre compte.
Je me hasarde finalement à lui demander. Je réfléchis un peu, retournant sa question dans tous les sens, avant de me décider finalement à lui répondre que :
Le rouge insolent.
Le rouge, tâche de sang.
Le rouge, mare de sang.
Il brûle et consume sous ses lèvres ardentes,
Tous les rêves et les idées, toutes les pensées ardentes.
Ce traître rouge, qui marque et tâche d'une trace indélébile.
- Spoiler:
- c'est pas top top désolé
|
|